Dans la forêt Guyanaise, au coeur de la nuit, lorsque la brume transpire des hautes frondaisons vers les remugles d'une obscurité bruissonnante, un silence bref éclate révélant en négatif la symphonie suspendue de la faune sauvage...
Ce moment de silence absolu, palpable au coeur de l'inconnu m'a toujours intrigué, comme si tous les êtres dans une communion secrète retenaient un court instant leur respiration...
Plusieurs j'ai vécu ce moment inouï, ce silence rompant la berceuse batracienne et réveillant le corps recroquevillé sur sa fatigue, suspendu dans son hamac.
Etre réveillé par le silence... jamais avant ces moments là je n'avais imaginé cela possible.
Un instant plus tard , après cette seconde d'éternité irréelle, le bruissement
revient remplir l'espace tel le cliquetis d'une garde montante griffant le silence d'un rempart assoupi.
L'envie de chercher une explication scientifique et rationnelle a effleuré un instant le guide en forêt que je suis, mais une voix chuchotante m'en a dissuadé laissant ma curiosité sur sa faim.
Mais depuis, lorsque je retourne me glisser dans l'obscurité des origines, j'attends secrètement que la grande Déesse honore une fois encore d'une caresse silencieuse, mon âme d'enfant, assoiffé de rêves.
Erwan Castel, à Cayenne le 13 février 2014