jeudi 20 juin 2013

Le Grand Tamanoir

La grande langue !

Merci à Daniel Bergeron d'avoir fait partagé cette  belle et rare rencontre avec un Grand Tamanoir !


Grand Tamanoir nageant
Le Tamanoir (Myrmecophaga tridactyla), est une des espèces emblématique de la forêt amazonienne, ce mammifère est  le plus grand représentant de la famille des fourmiliers.

Très discret, on le rencontre qu'exceptionnellement malgré une aire géographique étendue, allant des savanes aux forêts tropicales élevées. appartenant à l'un des plus anciens groupes de mammifères de la planète, l'ordre des Édentés xénarthres (qui comprend également les tatous et les moutons paresseux), le grand tamanoir est une espèce qui est en danger d'extinction et est inscrit aujourd'hui sur la liste rouge de l'IUCN . En Guyane, le tamanoir est inscrit à l'article 1 de la convention CITES (Interdit à la chasse, au transport , à la capture et au commerce) depuis le 15 mai 1986.

Description

Tamanoir au zoo de Macouria (Guyane)
Le tamanoir adulte mesure environ 2 mètres pèse entre 20 et 50 kilos. 
Sa silhouette est très caractéristique, car elle dispose à l'arrière d'une grande queue en panache, qui peut atteindre près de 90 cm et lui et de couverture camouflée lorsqu'il dort. A l'avant un très long museau légèrement recourbé à l'intérieur duquel une langue immense d'environ 60 cm.
De couleur beige, sa fourrure est épaisse et longue, munie de poils rêches. Une "gilet" noir frangé de blanc couvre de poitrail et se prolonge sur les flancs.
Ses oreilles sont petites et rondes, comme ses yeux.
Les membres antérieurs sont puissants et dotés de griffes importantes dont la troisième dépasse les 10 cm, ses griffes, en position de repos sont repliées contre la paume la face externe de la main servant d'appui pendant la marche qui et lente et chaloupée. .

Aire géographique et territoire

Présent dans toute l'aire amazonienne, le tamanoir est aussi signalé en Amérique centrale et sur les plaines côtières colombiennes et équatoriennes. Son territoire vital varie selon le biotope où il vit  : limité à 3 km2 en forêt il peut dépasser les 20 km2 dans les savanes.

Biologie

Le tamanoir, animal solitaire est un grand dormeur : il consacre 14 à 16 heures quotidiennes au repos réalisé dans une excavation creusée , c'est un animal diurne mais qui a su s'adapter à l'anthropisation de son biotope, adoptant un mode de vie nocturne pour éviter l'Homme. Silencieux les tamanoirs communiquent grâce aux odeurs (sécrétions et salive) Il peut vivre jusqu'à 25 ans. C'est un animal pacifique qui n'est pas territorial, aucun combat n'a été observé entre mâles ou pour défendre un espace défini.

Le tamanoir a peu de prédateur (à part l'Homme) car sa puissance et ses griffes en font un redoutable adversaire. Partout en, Amazonie, les populations forestières rapportent des description de rencontres accidentelles où le tamanoir debout en appui sur sa queue teint tête même aux grands félins tel le jaguar, et ses griffes acérées restant fermées même après la mort, le combat s'avère parfois mortel pour les deux adversaires.

Alimentation

Si il consomme des plantes, le tamanoir est essentiellement insectivore, les fourmis et les termites constituant ses proies favorites. Il est doté d'un odorat 40 fois plus puissant que celui de l'Homme, et qui lui sert à repérer ses proies dont il éventre les habitats grâce à ses puissantes griffes. Son museau pénètre alors dans les cavités des termitières et des fourmilières attaquées et son immense langue épineuse et à la salive collante fouille et récolte environ 150 insectes par prélèvement. Le tamanoir "grignote" ainsi toute la journée, avalant jusqu'à 30 000 insectes par jour, répartis sur une trentaine de sites différents. certaines espèces de fourmis, très venimeuses ou très agressives échappent à ses attaques.



Reproduction

La reproduction du tamanoir est le seul moment sociable de l'espèce et constitue la fragilité principale de l'espèce, la femelle ne donnant naissance qu'à un seul petit tous les trois ans !. La maturité sexuelle intervient entre 3 et 4 ans et lorsqu'elle est fécondable, la femelle attire le mâle via ses sécrétions odorantes. 
La gestation dure 190 jours, la femelle pour mettre bas se met debout en appui sur sa queue, et donne naissance à un petit de 1,5 kilo environ qui s'accroche à sa fourrure et y reste pendant un an ! Le sevrage intervient entre 6 et 9 mois mais l'indépendance à la mère quà partir de la troisième année.

Histoire

Parmi les voyageurs et les naturalistes qui réalisent les premières descriptions de la faune guyanaise, le chevalier des Marchais s'intéresse tout particulièrement au tamanoir dont il nous fait une description détaillée dans sa relation de voyage publiée en 1731 ("Voyage du chevalier des Marchais en Guinée, isles voisines et à Cayenne, fait en 1725, 1726 et 1727". Amsterdam, 1731 (t. III, p. 231))

Représentation du tamanoir au XVII° siècle
«On appelle à Cayenne Mange-fourmis, dit le chevalier des Marchais, un animal qu'on pourrait nommer renard amériquain, s'il ne se trouvait qu'en Amérique; mais comme il y en a en Afrique, je crois qu'il faut s'en tenir au premier nom, à moins qu'on ne veuille se servir de celui que lui donnent les Indiens, qui est bien long : ils l'appellent Tamadu Guacu ; il signifie la même chose que Mange-fourmis : c'est sa nourriture ordinaire qui lui a fait donner ce nom.

 « Cet animal est long et gros comme un chien de bonne taille. Ses jambes de derrière sont tout d'une venüc comme celles d'un ours : celles de devant sont un peu mains grosses; il a le pied plat, divisé en quatre doigts armez d'ongles longs et forts; ceux de derrière ont cinq doigts et bien armez; sa tète est longue et sort museau encore plus long et pointa ; il a des yeux petits, ronds et noirs, les oreilles fort courtes. Ceux qui ont pris la peine de mesurer sa langue disent qu'elle a deux pieds et quelque­fois davantage de longueur. Il est obligé de la plier pour la cacher dans sa gueule qui, toute longue quelle est, seroit beaucoup trop courte pour cacher ce membre. S'il parlait, il parleroit sans doute beaucoup, et on ne lui reprocheroit pas sans raison qu'il aurait la langue bien longue.

«  Il vit de fourmis. Lorsqu'il en a découvert quelque retraite, il fouille avec ses ongles pour élargir l'entrée et arriver au centre de la fourmilière, et aussitôt il y fourre sa longue langue qui pénètre dans tous les recoins de l'antre, et comme elle est onctueuse, les fourmis effarouchées et en désordre s'y attachent aussitôt, et dès qu'il la sent chargée de ces insectes, il la retire dans sa gueule et les avalle. Il recommence ce manège tant qu'il sent des insectes dans un endroit : après quoi s'il a encore faim il va en chercher un autre. Cette nourriture est légère, comme on voit ; elle ne laisse pas cependant de bien nourrir l'animal qui s'en sert, mais elle donne à sa chair une odeur de fourmis qui n'est pas agréable. Les Indiens et les Nègres en mangent ; mais les Français ont de meilleures viandes. S'ils savoient un peu mieux leurs intérêts, ils conserveroient précieusement ces animaux qui les délivreroient en tout ou en partie des fourmis qui leur causent de très grands dommages. Mes mémoires ne marquent point s'il aime autant les fourmis blanches que noires. On connoit les fourmis blanches sous le nom de Poux de bois : elles en ont assez la figure... Elles sont également malfaisantes partout. Ce seroit un bonheur extrême pour les habitants s'ils étoient délivrez de ces mauvais insectes qui sont encore plus pernicieux que les noirs. Dans ce cas il devrait être sévèrement défendu aux chasseurs de faire aucun mal au Mangefourmis-

« J'ai dit qu'on les pourroit appeler renards : c'est â leur queue qu'ils seraient redevables de cette dénomination. En effet il n'y a point un renard au monde qui ait une queue aussi souple que la leur. Elle a souvent près de deux pieds de longueur elle est presque plate et couverte de tous cotez de grands poils de quinze à vingt pouces de longueur, un peu durs à la vérité' ce qui lui donne assez l'air d'une queue de cheval. Comme elle forte et qu'il lui imprime tel mouvement qu'il lui plait, il balaye les endroits où il passe, et quand il la replie sur son dos, il s'en couvre entièrement. Elle le défend de la pluye qu'il craint beaucoup, c'est pour lui un surtout qui a son agrément et sa commodité. »

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